largement relayé par les médias, le risque d’infection Nosocomiale (IN) est devenu pour les patients hospitalisés et leurs familles un terme porteur de tous les dangers. Il convient néanmoins de préciser que leur incidence varie en fonction des individus encore plus que des structures d’accueil. Le risque le moins connu est sans doute la dénutrition, sujet également délicat, voire polémique pour les établissements de santé. Il ne s’agit pas seulement de stigmatiser la piètre qualité des plateaux-repas hospitaliers, sur laquelle avait porté l’enquête du Pr Guy-Grand.

Il s’agit de la dénutrition définie comme une carence en nutriments essentiels. La société Francophone de nutrition entérale et parentérale attire l’attention sur une étude prospective récente qui montre justement l’influence de la dénutrition protéino-énergétique sur l’émergence des IN. Réalisée par des équipas des CHU de Nice et Besançon, elle a réuni 1637 patients (801 hommes et 836 femmes) d’âge moyen = 64 ans (+/- 24 ans). Une enquête de prévalence menée en 2001 dans des services de long et moyen séjour et de soins intensifs a montré une distribution inégale des IN selon l’état nutritionnel : une IN est apparue chez 4,4% de sujets non dénutris, 7,6% de sujets modérément dénutris et 14,6% de ceux présentant une dénutrition sévère.

La carence protéino-énergétique est un facteur connu d’immuno-dépression, qui explique en particulier la morbi-mortalité par diverses maladies infectieuses dans les pays en voie de développement. Les mêmes causes produisent donc les mêmes effets chez de nombreux patients hospitalisés.

Ce travail montre non seulement l’influence de la dénutrition sur la survenue d’IN mais aussi que la problématique nutritionnelle est insuffisamment prise en compte. Entre 20 et 60% des patients en établissements de santé (selon les pays et le type d’établissement) en souffriraient. Les soignants ont des indicateurs permettant d’évaluer cet état : clinique tel le MNA (mini Nutritionnal Assesment) ou biologique (Albumine, Préalbumine comme le recommande l’ANAES). Un dépistage précoce de la malnutrition devrait donc être l’un des piliers de la prévention des infections nosocomiales.

Br. J. Nutr. 2004 (92) 105-111