le diagnostic pré-implantatoire consiste en la recherche d'anomalies génétiques avant le transfert d'un embryon obtenu par des techniques de FIV ou d'ICSI. En France il n'est autorisé que lorsque l'enfant à naître présente une forte probabilité d'être atteint d'une maladie génétique d'une particulière gravité. Le transfert sera effectué si l'enfant est indemne de l'anomalie touchant d'autres membres de sa famille. Mais récemment le concept de " bébé-médicament ", pouvant dans certains cas venir en aide à des malades dans la fratrie a conduit le Comité Consultatif National d'Ethique (CCNE) à s'interroger. La question peut être ainsi résumée : peut-on envisager que la technique du DPI puisse non seulement permettre à un enfant de naître indemne d'une maladie génétique grave, mais soit aussi le moyen d'avoir un enfant HLA compatible avec un premier enfant atteint de cette maladie ? ce problème se pose avec acuité dans le cas de la maladie de Fanconi, affection héréditaire se traduisant par une aplasie médullaire qui se développe progressivement à partir de l'âge de 6 ans. La mort survient habituellement vers 15 ou 20 ans par inf'ection, hémorragie, ou plus tard du fait de cancers ORL. Chez ces patients, la greffe de cellules de cordon effectuée chez des frères ou sœurs nouveaux-nés dont la compatibité immunologique aurait été affirmée par DPI est porteuse d'espoir. Cependant l'efficacité thérapeutique est limitée aux manifestations hématologiques de cette affection et ne permet pas de prévenir les anomalies morphologiques et viscérales.
Au-delà de cette réserve thérapeutique, la question est essentiellement morale et tourne autour de la finalité de l'enfant à naître. Doit-on dépasser le stade de l'assistance médicale à la procréation et aller vers l'assistance médicale à la réparation ? Pour le CCNE, la volonté de procréer doit rester première, et l'enfant à naître doit être considéré comme une entité propre plus que comme un donneur potentiel. Ce n'est qu'à cette condition que l'option thérapeutique peut être secondairement considérée comme envisageable.
En pratique cela passe par la mise en place d'un contrat entre les parents et les praticiens avant tout acte de PMA. Il consiste en la réalisation du transfert de l'embryon du moment qu'il est indemne de l'affection, que celui-ci soit ou non compatible avec l'enfant malade, la vie d'un enfant ne pouvant se résumer à une ressource thérapeutique. D'autres, tels le Pr Axel Kahn, pensent qu'il faut aller au-delà par souci de solidarité et réitérer le DPI jusqu'à l'obtention d'embryons à la fois sains et compatibles. Enfin entre le verdict absolu et l'exigence sans bornes, une 3ème voie consistant à limiter le nombre de procédures de DPI réalisables est également envisagée.


Quot. Med. - 07/2002