Un régime mimant le jeûne, hypocalorique et vegan, administré en cycles de 4 jours chez la souris modèle de la maladie inflammatoire chronique de l'intestin peut améliorer l'inflammation, favoriser la régénération et stimuler un microbiote protecteur dans l'intestin.

Une étude menée par une équipe californienne et publiée dans « Cell report » qui combine, pour la première fois, deux domaines de recherche. Le premier concerne ce que l'on devrait manger chaque jour, et de nombreuses études suggèrent une alimentation riche en légumes, en noix et en huile d'olive. Le second domaine concerne le jeûne et ses effets sur l'inflammation, la régénération et le vieillissement.

Ce régime simulant le jeûne (Fast Mimicking Diet ou FMD) a été développé par le afin de placer le corps dans un état de restriction calorique (750 à 1 100 calories par jour) pendant 4 à 5 jours, tout en apportant de bonnes proportions en acides gras, ainsi que des vitamines et des minéraux. De précédentes études ont montré, chez la souris, que ce régime réduit le risque de cancer, atténue l'immunosuppression et l'immunosénescence liées au vieillissement, et améliore voire inverse la progression de la sclérose en plaque et du diabète (types 1 et 2) dans des modèles murins de ces maladies.

Il permet de réduire les inconvénients du jeûne strict en solides en termes de difficulté et d’impact sur l’organisme. Le régime simulant le jeûne est plus facile à suivre et plus sûr que le jeûne à l'eau, mais la grande surprise de cette étude est que le régime mimant le jeûne (incluant des ingrédients prébiotiques) est plus efficace que le jeûne à l'eau.

L’étude a évalué le régime FMD dans un modèle murin (colite induite par le DSS) de maladie inflammatoire chronique de l'intestin (MICI). Un groupe de souris a suivi le régime FMD qui consiste, pendant 4 jours, à consommer 50 % de l'apport calorique normal le premier jour puis du 2e au 4e jour seulement 10 % de l'apport calorique normal. Un autre groupe de souris a jeûné pendant 48 heures, ne buvant que de l'eau.

Les résultats montrent que 2 cycles de régime FMD, espacés par 4 semaines d'alimentation normale, semblent suffisants pour atténuer certaines pathologies et inverser d'autres pathologies ou symptômes associés aux MICI. Ces 2 cycles réduisent l'inflammation intestinale, augmentent le nombre de cellules souches, stimulent un microbiote intestinal protecteur (riche notamment en Lactobacillus) et inversent la pathologie intestinale. En revanche, le jeûne à l'eau est moins efficace : il favorise la régénération et réduit l'inflammation, mais n'inverse pas la pathologie intestinale.

Ceci indique que certains nutriments du régime FMD contribuent aux modifications microbiennes et anti-inflammatoires nécessaires pour maximiser les bénéfices du jeûne contre les MICI. Les résultats montrent aussi que la croissance et le remplacement des tissus intestinaux endommagés surviennent surtout durant la période de réalimentation après le régime FMD. L'importance de la réalimentation a probablement été sous-estimée jusqu’à présent. Les chercheurs avaient aussi montré, dans un précédent essai clinique chez des sujets ayant un taux élevé de protéine C-réactive (CRP), que 3 cycles de régime FMD peuvent normaliser la CRP, un marqueur d'inflammation systémique.

L'équipe finalise à présent le protocole d'un essai clinique randomisé qui évaluera un régime FMD modifié chez 150 patients affectés de la maladie de Crohn ou de la rectocolite hémorragique

Ref : P. Rangan et al., Cell Reports, 10.1016/j.celrep.2019.02.019, 2019