Si le diagnostic de l’infarctus du myocarde (IDM) a bénéficié de la découverte de marqueurs biologiques cardio-spécifiques, on ne dispose pas à l’heure actuelle d’un signal biologique permettant d’anticiper sur cet évènement. Compte tenu de l’importance d’une prise en charge aussi précoce que possible, la découverte d’un tel marqueur aurait un intérêt clinique et thérapeutique considérable. Une équipe californienne a remis au goût du jour l’étude des cellules endothéliales circulantes. Ces cellules qui se détachent de la paroi des vaisseaux sanguins sont retrouvées en faible quantité chez le sujet sain. En cas de lésions vasculaires, leur concentration augmente de façon notable dans le sang circulant. L’hypothèse d’une concentration faible dans la maladie coronaire stable, augmentant de façon significative en cas d’aggravation de la coronaropathie prédictive d’un risque imminent d’IDM a donc été posée.

Le but était de les isoler et de les quantifier à l’aide d’une méthode rapide et applicable en pratique clinique. Ils ont utilisé pour cela une plate-forme d’isolement destinée aux cellules rares avec analyse d’image de ces cellules marquées en fluorescence.

Une étude prospective a été menée chez des sujets souffrant d’un syndrome coronarien aigu et des témoins sains. Les taux de cellules endothéliales circulantes sont apparus nettement plus élevés en cas d’infarctus avéré que chez les sujets témoins, avec une bonne valeur discriminante en termes de sensibilité et de spécificité. Fait essentiel, cette augmentation n’était pas corrélée avec celle des marqueurs de nécrose myocardique, qui s’élèvent logiquement plus tardivement.

Indépendamment de l’aspect quantitatif, on retrouvait également en pré-IDM des anomalies morphologiques (augmentation de taille, cellules plurinucléées) par rapport à des sujets sains mais également à des sujets souffrant d’une maladie vasculaire périphérique.

Ces résultats suggèrent que le taux des cellules endothéliales circulantes pourrait servir de marqueur prédictif de l’IDM. Ce test peut être appréhendé comme un équivalent biologique d’une biopsie de l’artère coronaire. Des tests de validation sont bien entendu indispensables avant d’envisager une application en routine, en particulier dans le cadre de précordialgies chez des sujets angineux connus ou non, afin de déterminer s’il existe un risque imminent et si une prise en charge rapide doit être envisagée. Une version simplifiée et plus rapide du test est envisagée très prochainement.

Sci Transl. Med. 2012 ; 4 (126)