L’objectif thérapeutique dans la rectocolite hémorragique (RCH) est de restaurer une qualité de vie normale, sans limitation des activités. Pour cela, il est nécessaire d’avoir pour objectif à la fois la rémission clinique et la rémission endoscopique.
Le consensus STRIDE-2 considère que l’amélioration de la calprotectine fécale (qui atteste d’une réponse biochimique que l’on sait associée à une réduction du risque de rechute) est un objectif intermédiaire chez les patients atteints de RCH.
Cependant, aucune définition consensuelle de cette réponse biochimique n’existe à ce jour tandis que certains cliniciens semblent considérer la calprotectine fécale comme un biomarqueur moins pertinent dans la RCH que dans la maladie de Crohn.
Dans ce contexte, une récente étude prospective française avait pour objectif d'évaluer chez des patients atteints de RCH : (i) la relation entre calprotectine fécale et score endoscopique, (ii) les performances du niveau de calprotectine 3 mois après la mise en route d’un traitement pour prédire la rémission clinique et endoscopique à 12 mois, et (iii) de définir le meilleur seuil prédictif de calprotectine.
Pour ce faire, 62 patients porteurs d’une RCH cliniquement active selon le score Mayo partiel (>2) et avec une activité endoscopique significative (score Mayo endoscopique ≥ 2) ont été inclus, nécessitant la mise en route d’un traitement selon le praticien.
Les données cliniques et biologiques ont été collectées, dont le dosage de calprotectine fécale à l’inclusion, puis à 3, 6, 9 et 12 mois de l’initiation du traitement. Une évaluation endoscopique (recto-sigmoïdoscopie ou coloscopie) et histologique (score de Nancy) était également réalisée à l’inclusion, à 3 et à 12 mois.
Le critère de jugement principal était le taux de calprotectine fécal à 3 mois que l'on cherchait à corréler à un critère composite définie comme une rémission clinique avec amélioration endoscopique (score Mayo endoscopique = 0 ou 1) à 12 mois, sans arrêt de traitement pour échec ni intensification de dose. Les cliniciens étaient en aveugle des valeurs de calprotectine fécale.
Au total les données de 54 participants ont été analysées après exclusion des situations de grossesse, d’échantillon de selles manquants, ou de perdus de vue…. Ces patients, d’âge moyen à l’inclusion de 43,9 ans, étaient des hommes pour 55,5 % d’entre eux.
L’extension de la RCH était rectale (E1) dans 13,7 %, recto-colique gauche (E2) dans 39,2 % et pancolique (E3) dans 47,1 %. L’activité endoscopique à l’inclusion était Mayo 2 et Mayo 3 dans 46,3 % et 53,7 % des cas respectivement. Le niveau médian de calprotectine fécale se situait au départ à 665 µg/g de selle (la valeu de référence est d'environ 50 µg/g).
Les traitements débutés à l’inclusion étaient du 5-ASA (13,0 %), un corticoïde (13,0 %), un immunosuppresseur (5,5 %), un anti-TNF (26,4 %), du vedolizumab (22,6 %), de l’ustekinumab (35,8 %) ou du tofacitinib (3,7 %).
Après 3 mois de traitement, 10 participants (18,5 %) avaient obtenu une rémission endoscopique , 23 (42,6 %) une amélioration endoscopique (Mayo 0 ou 1) alors que 10 (18,5 %) et 13 patients (24,1 %) avaient toujours une activité endoscopique importante (Mayo 2 ou 3).
Le principal enseignement est que le taux médian de calprotectine fécale à 3 mois était corrélé au score Mayo endoscopique à 3 mois, soit respectivement 27 (Mayo 0), 115 (Mayo 1), 665 (Mayo 2) et 755µg/g de selles (Mayo 3)et à la présence d’une activité endoscopique (score Mayo endoscopique ≥ 2) à 3 mois : 90 vs 679 µg/g de selles (p = 0,0001).
Ainsi, dans cette petite étude, un taux de calprotectine inférieur à 150 µg/g à 3 mois a été le meilleur seuil pour prédire une rémission clinique et endoscopique à 12 mois.
De plus, une variation d’au moins 50 % du niveau de calprotectine fécale était le meilleur seuil pour prédire une rémission clinique et endoscopique sans arrêt de traitement pour échec ni intensification de dose à 12 mois (critère atteint chez 16,7 % des patients) avec notamment une forte valeur prédictive négative (92,3 %).
Cette diminution d’au moins 50 % du niveau de calprotectine après 3 mois de traitement peut ainsi être proposée comme définition de la réponse biochimique conclut le signataire de l'étude.
Ref : Buisson A, et coll. La normalisation ou la baisse d’au moins 50 % du niveau de calprotectine après 3 mois de traitement prédisent une rémission clinique et endoscopique à 1 an chez les patients atteints de rectocolite hémorragique : résultats de l’étude prospective MIROIR. Présentation C.007. JFHOD -Journées Francophones d’Hépato-gastroentérologie et d’Oncologie Digestive, Paris, 20-23 mars 2025.