France Rein a organisé du 8 au 15 mars la vingtième édition de la Semaine nationale du Rein. Et si l’organisation tente à chaque fois de rivaliser d’imagination pour trouver de nouveaux slogans percutants, l’enjeu reste le même : inciter au dépistage précoce de cette maladie, dont la fréquence demeure trop souvent méconnue. En effet, la maladie rénale chronique (MRC) concerne plus de 10 % de la population.
Avec l’augmentation des cas de diabète, d’hypertension artérielle et de maladies auto-immunes, la prévalence de la MRC ne cesse de croître. Or,  quand elle n’est pas diagnostiquée suffisamment précocement, la maladie peut évoluer vers une insuffisance rénale terminale, nécessitant une dialyse ou une transplantation. Ces traitements représentent jusqu’à 2,5 % des dépenses de l’Assurance Maladie, ce qui en fait, également, un enjeu financier majeur.
C’est dans ce cadre que l’Académie de médecine a récemment consacré un rapport à la MRC, en se concentrant notamment sur la fibrose rénale avec actuellement  de nombreux traitements qui permettent de la ralentir : les inhibiteurs de l’angiotensine II (Ang II), les inhibiteurs du cotransporteur sodium-glucose (SGLT2), les désormais incontournables agonistes des récepteurs GLP-1. Cette panoplie de médicaments, ouvre la voie, via l’association de traitements complémentaires à une approche personnalisée pour chaque patient. De nouvelles thérapies ciblant le TGF-β, les macrophages ou les récepteurs à activité tyrosine kinase sont par ailleurs en cours de développement clinique, offrant de nouvelles perspectives.
Préalablement à ces traitements, le dépistage repose sur des outils également de plus en plus efficaces. Malheureusement les généralistes français éprouvent des difficultés à intégrer pleinement le dépistage de la maladie rénale chronique par le biais du RAC (rapport albuminurie/protéinurie) dans leur pratique, selon une enquête qualitative parue dans Clinical Journal of the American Society of Nephrology. En cause, des doutes sur son utilité clinique, une confusion autour des différents paramètres biologiques disponibles et la nécessité d’une collaboration renforcée avec les néphrologues.
La mesure de l’albuminurie est préconisée par la HAS depuis 2021 afin de repérer une atteinte rénale le plus précocement possible. Son interprétation repose sur le rapport entre l’albuminurie et la créatininurie (afin de limiter le biais lié à la concentration des urines) ou RAC. Depuis 2023, le RAC est préconisé systématiquement pour dépister la MRC chez les patients diabétiques et hypertendus, en association au dosage sanguin de créatinine, et intégré au dispositif de rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP). Depuis la mise en place de ce dernier, ce système a permis de voir le dépistage de la MRC progresser au sein de la population cible. Cependant, celui-ci demeure insuffisant : en 2023, seuls 45 % des personnes diabétiques et 30 % des personnes hypertendues en ont bénéficié durant l’année. A noter que les difficultés pratiques liées à la collecte des urines sont résolues par le recueil sur échantillon avec un unique prélèvement qui se substitue aux urines de 24h.
A noter que les médecins généralistes expriment une certaine confusion ressentie par rapport à la multiplicité des types de tests disponibles et recommandés (RAC, microalbuminurie, protéinurie totale...). Les médecins s’avouent parfois démunis face à l’indication de ces différentes analyses.  Les biologistes, qui ont l'obligation d'optimiser les prescriptions, devraient expliquer que l'albuminurie et la microalbuminurie sont le même dosage (la microalbumine étant simplement une expression de l'albuminurie à de très faibles concentrations). En revanche la protéinurie englobe l'albuminurie mais également les autres protéines pouvant être retrouvées dans les urines, de façon physiologique ou en cas de MRC avec une protéinurie non selective. Tout cela peut rendre l’interprétation des résultats difficile à leurs yeux. Enfin le calcul du débit de filtration glomérulaire (DFG) doit faire appel aux méthodes les plus adaptées et actualisés en fonction des indications, classes d'âges, groupe ethnique pour un suivi pertinent et personnalisé de la fonction rénale.

Ref : Fondation-du-rein.org; https://www.jim.fr/viewarticle/maladie-r%C3%A9nale-chronique-d%C3%A9pistage-pr%C3%A9coce-2025a10004tp?ecd=wnl_all_250402_jim_prevention_

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