Selon l’Institut Pasteur, cette épidémie atteint un niveau sans précédent dans l'Hexagone depuis "au moins 25 ans". L’épidémie s’est accrue en ville, en particulier depuis avril, avec une stabilisation en juillet et août, selon le réseau Sentinelles, qui comptabilisait 134 639 cas confirmés pour 2024.
L’activité est aussi très importante à l’hôpital, avec une augmentation au cours des 31 premières semaines de l’année. En particulier, le réseau Renacoq rapporte, sur 2024, 277 hospitalisations pour des nourrissons de moins de 12 mois dont la majorité (79%) de moins de 6 mois.
En outre, 35 décès ont été recensés depuis le début 2024, dont 22 enfants (20 âgés de moins de 1 an chez lesquels se développent les formes les plus graves) et 13 adultes âgés de 51 à 95 ans, mais dont la coqueluche n’était pas indiquée comme première cause de décès", précise SPF.
S'il est vrai qu'en France, la vaccination a largement permis de faire diminuer le nombre de cas, la coqueluche continue néanmoins de circuler de façon cyclique, avec observation de pics épidémiques tous les trois à cinq ans entre 1997 et 2019", a rappelé l'Institut Pasteur cette semaine. Le pic actuel a donc été plus tardif qu'attendu mais aussi beaucoup plus élevé que les précédents.
Pourquoi un tel rebond ? Plusieurs hypothèses sont avancées. La première est la conséquence de la crise du Covid en 2020-2021, comme pour d'autres résurgences épidémiques, comme la rougeole. Les multiples restrictions sanitaires instaurées à l'époque, notamment les confinements, ont limité l'exposition des uns et des autres à de multiples pathogènes. Il en aurait résulté une moindre stimulation de l'immunité globale de la population, ce qui laisse la porte ouverte à des contaminations plus importantes et des formes potentiellement plus graves lors de l'épidémie suivante.
Une deuxième hypothèse est issue d'une étude publiée en août dans la revue Eurosurveillance, à partir de l'examen d'échantillons prélevés sur une soixantaine de malades de la coqueluche depuis le début de l'année. Chez ces patients, la bactérie Bordetella pertussis, à l'origine de la maladie, avait un profil bien particulier. Dans la plupart des cas, elle contenait deux protéines généralement absentes avant la période Covid : la pertactine et l'adhésine FIM2. Or ces deux protéines jouent un rôle essentiel dans l'adhésion de la bactérie aux cellules de l'épithelium respiratoire et dans la modulation de la réponse de l'hôte. Leur prédominance actuelle, à l'encontre de ce qui était observé avant la 'période Covid', pourrait également expliquer la très forte circulation actuelle de la coqueluche, selon ces chercheurs.
Une dernière hypothèse semble moins privilégiée : celle d'un recul de la vaccination, sur fond d'un moindre accès au système de santé pendant les périodes de confinement. En effet rien ne prouve que la vaccination contre la coqueluche ait reculé en France, même si on a observé des retards pendant les premiers temps de la pandémie, a relevé l'étude d'Eurosurveillance.
Enfin, un cumul de ces 3 hypothèses, et éventuellement d'autres non encore dévoilées, est probable car les origines multifactorielles sont la règle dans ce type de crise sanitaire.
Ref : Egora.fr et www.santepubliquefrance.fr