Alors que l'incidence du diabète de type 2 est en constante augmentation, identifier les patients diabétiques plus vulnérables reste difficile, en particulier du fait de la prévalence des comorbidités cardiovasculaires dans cette population. Les scores prédictifs actuels du risque cardiovasculaire à 10 ans intègrent les facteurs de risque tels que l’âge, le poids, le tabagisme, le taux de cholestérol…, mais cela reste peu fiable chez les patients DT2. Il est ainsi important de disposer de nouveaux marqueurs prédictifs spécifiques à cette population.
Dans un travail mené par une équipe française (AP-HP Necker et Inserm), les auteurs se sont intéressés aux monocytes en raison de leur implication directe dans l’apparition et la progression de l’athérosclérose et ont évalué leur quantité mais aussi la présence de sous-types particuliers. Dans le cas de l’athérosclérose, les monocytes circulant dans le sang sont “recrutés” au niveau de la paroi interne des artères. Secondairement, ils se différencient en macrophages qui sont capables de "capturer le mauvais cholestérol" et de produire des molécules inflammatoires. Plus les macrophages s’accumulent, plus la plaque d’athérome croît du fait d'un mécanisme mixte, métabolique et inflammatoire.
L’équipe a travaillé successivement sur trois cohortes. Leurs premières recherches menées à partir de la cohorte AngioSafe2 (n = 672) leur ont permis de constater que le taux de monocytes circulants était positivement corrélé à la présence d’athérosclérose (⍴ = 0,16), et ainsi au risque cardiovasculaire associé, indépendamment de l’âge et de la durée du diabète.
Les chercheurs ont ensuite confirmé cette corrélation avec la cohorte Glutadiab (n = 279) et sont allés plus loin en caractérisant trois sous-types de monocytes par analyse moléculaire dans les deux cohortes. Ainsi, l’endotype avec les récepteurs CD45+, CD14++ et CD16- s’est révélé à plus haut risque cardiovasculaire, par rapport à deux autres endotypes aux récepteurs différents.
À partir de là, comment utiliser ces résultats pour prédire le risque cardiovasculaire? Afin de déterminer une valeur seuil prédictive, les scientifiques ont étudié les taux de monocytes d’une troisième cohorte, Surdiagene totalisant 757 patients suivis en prévention cardiovasculaire. En corrélant ces taux avec les cas d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral, l’équipe a pu déterminer qu’un taux de monocytes > 0,5 x 10.9/l était prédictif d’un risque cinq à sept fois plus élevé d’événements cardiovasculaires dans les 10 ans par rapport à ceux dont le taux était inférieur au seuil.
Les auteurs poursuivent désormais leurs travaux en développant un test sanguin qui serait capable de doser les monocytes circulants et de les classer par sous-types. Cette valeur permettra donc de quantifier un score inflammatoire qui, en fonction du profil clinico-biologique du patient, prédira sa trajectoire vers des complications. Ceci pourrait permettre par exemple la prescription ciblée d’un antidiabétique spécifique afin de réduire l'incidence des complications cardio-vasculaires chez les patients les plus à risque.
Ref : lequotidiendumedecin.fr (cit. "Circulation Research")