Alors que l’épidémie de Covid-19 atteignait un pic dans le monde, plusieurs équipes ont rapporté, sous les dénominations variées de pseudo engelures, lupus pernio-like ou acrosyndromes, 
des lésions à type de macules et/ou vésicules, érythémateuses à purpuriques, siégeant le plus souvent sur les orteils, essentiellement chez des enfants ou des adultes jeunes. 
La contemporanéité entre ces manifestations et la pandémie d’infections à SARS-CoV-2 a très vite laissé supposer une association entre les deux phénomènes. 
Néanmoins, ces signes cutanés s’accompagnant rarement de signes respiratoires, différentes études ont cherché la confirmation biologique de la causalité de la Covid-19.

Une équipe belge Bruxelles a étudié entre le 10 et le 17 avril 2020, 31 patients atteints de lésions des extrémités « évocatrices » : la RT-PCR du SARS-CoV-2 est restée négative pour 
la totalité d’entre eux dans les prélèvements nasopharyngés et dans les prélèvements cutanés réalisés chez 22 malades. Il en a été de même pour la sérologie (IgG + IgM).

Une équipe espagnole a examiné 20 enfants avec des pseudo engelures et aucun ou peu de symptômes de Covid-19 à l’hôpital universitaire de Valence (Espagne) entre le 9 et le 15 avril :
RT-PCR et sérodiagnostic ont toujours été négatifs.

La négativité des tests pratiqués, qu’il s’agisse d’identifier une infection en cours ou une immunisation, ne peut être que difficilement attribuée à des tests faits trop tôt ou trop tard. 
Il semble plus raisonnable de conclure que ces patients n’ont pas été atteints par la Covid-19.

Alors comment interpréter la survenue, au cours d’un printemps plutôt clément, de cette symptomatologie acrale qui accompagne habituellement les hivers froids et humides ?

Dans la plupart des cas on ne retrouvait pas d’antécédents identiques et de facteurs favorisants chez leurs patients. Dans certaines des biopsies pratiquées étaient retrouvés un aspect de 
vascularite et des microthromboses avec parfois dépôt d’immunoglobulines et de C3 en immunofluorescence. Le bilan biologique extensif n’apportait pas d’argument en faveur d’une maladie 
systémique auto-immune ou d’anomalies de la coagulation. 

Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer cette « épidémie d’engelures » et en premier lieu les modifications du style de vie liées au confinement, conduisant à une inactivité plus 
marquée, à marcher plus souvent pieds nus dans des appartements mal chauffés, au maintien prolongé de positions sédentaires. Là aussi, la Covid-19, entre énigmes et phantasmes n'a pas livré
tous ses secrets.


RÉFÉRENCES : JIM.fr
1) Herman A et coll. : Evaluation of Chilblains as a Manifestation of the COVID-19 Pandemic. JAMA Dermatol., 2020 ; publication avancée en ligne le 25 juin. doi: 10.1001/jamadermatol.2020.2368.
2) Roca-Ginés J et coll. : Assessment of Acute Acral Lesions in a CaseSeries of Childrenand Adolescents During the COVID-19 Pandemic. JAMA Dermatol., 2020 ; doi: 10.1001/jamadermatol.2020.2340.
3) Hernandez C et Bruckner AL : Focus on “COVID Toe s”.JAMA Dermatol., 2020 ; publication avancée en ligne le 25 juin.doi:10.1001/jamadermatol.2020.2062